Mon coming-out Brown

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Sophian

3/22/20213 min read

C’était un soir comme les autres.

J’étais parti avec mon copain dans un restaurant de ramen sur Paris. Je me lève pour payer et je me retrouve confronter à une situation qui allait être LE déclic de ma vie.

Il y a groupe de blancs devant moi, la trentaine, plutôt friqués et inconscient. Je dois avouer que c’est le genre de personnes qui m’énerve déjà naturellement. Bref ils sont dans leur monde, je suis dans le mien et dans ce monde je paye et je me casse.

Mais il a fallu que mon oreille aille s’égarer dans leur conversation.

J’entend la seule femme du groupe parler.

« Moi niveau mec j’ai pas de préférence juste les mecs indiens/pakistanais/sri Lanka tout ça je peux pas. Déjà physiquement ça m’attire pas du tout mais en plus je sais pas ça pue, je les trouve bizarre. Je pourrais jamais sortir avec un mec comme ça ».

Ils ont vraiment continué à débattre sur le sex-appeal des Desi pendant genre 5 bonnes minutes.

Et moi j’étais derrière, malgré moi, et j’entendais tout. Tout ce qui faisait que je cachais ma véritable identité, mes racines, toute une partie de moi, parce qu’on avait collé une image à ce que j’étais et que je n’avais pas la force ni le courage d’endosser cette identité si dénigré.

Et je sentais comme un feu grandir en moi, je sentais mes mains trembler.

Puis j’ai laché impulsivement « Mais tu crois que nous on veut de toi ? »

Et là on a commencé à m’agresser d’une violence. Elle m’a insulté. Ses potes mecs ont commencé à m’entourer de façon menaçante. « De quoi je me mêle on parle pas avec toi » « t’es vraiment un fils de pute tu me fais passer pour une raciste ou jsais pas quoi alors que là je mange dans un restaurant japonais je parle avec mes amis je parle même pas avec toi »

Et moi je continuais de lui expliquer, en essayant de garder mon sang froid, que ses mots ils se trouvent que je les avais entendus et qu’elle se rendait pas compte à quel point moi ça pouvait me blesser, comment pour elle c’était rien et que pour moi c’était une affaire de rejet et de dégoût de soi.

En vain, j’avais oublié à ce moment-là que ces gens étaient enfermés dans une bulle propre à eux et que jamais ils ne pourraient se remettre en question, assumer qu’ils ont une pensée dominatrice -en tout cas réductrice de ce qui n’est pas blanc- et..... tout ça quoi!

Puis mon copain est arrivé. Mon copain qui comme toutes les autres personnes de mon entourage - hors famille - ne sait pas que je suis brown et à qui je ne peux pas expliquer ce qu’il vient de se passer.

Alors je baisse la tête et je pars.

Je ne sais pas si c’est la façon dont je suis parti qui m’a énervé et à raviver de la fierté encore jamais découverte en moi mais ce soir là je me suis dis que plus jamais je n’aurais honte de ce que je suis. Que ce n’est pas ces trous du cul qui feront dire si ce que je suis est bien ou pas, sexy ou pas. C’est moi qui sais ce que je suis avant tout, et c’est à moi d’affirmer et de porter fièrement cet héritage. D’apprendre à le connaître et savoir l’honorer afin qu’ils ne meurt pas noyé dans l’ignorance des gens et dans la caricature qu’en a fait l’occident.

Je m’appelle AFTAB comme tous mes ancêtres avant moi. Ce nom ne se porte qu’au Pakistan et il raconte d’où je viens et écrit le début de ce que je suis.

Je suis Français aussi, tout aussi Marocain et je suis surtout moi. Et ça rien ni personne ne peut le changer, et ils ont déjà essayé.

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