Lettre ouverte aux musées d'éthnographie européens.

J'ai toujours détesté les musées d'éthnographie.

Ayant baigné dans la culture du musée via l'école républicaine, aller dans les musées ne me paraissait pas aussi problématique dans le temps. Outil éducatif important, j'ai toujours connu les musées pour leur grandeur, leur pédagogie, leur dynamisme.

Cependant les musées d'éthnographie m'ont toujours dérangée.

Voir des momies, des corps morts, allongés et exposés à la vue de toustes me faisait peur et ça me fait toujours peur. Les morts ont une place et c'est aux humains vivants de respecter le sanctuaire, d'honorer ces morts en leur fichant tout simplement la paix. Pas en les immortalisant dans ces coffres de glace et s'en mettre plein les poches en faisant payer les entrées. 

Si ces momies ont été momifiées c'est bien pour rester caché et non à la vue du public. Ce besoin, premièrement d'aller déterrer ces corps puis les rapatrier hors de leur territoire est une spoliation coloniale par excellence. Aurait on, un jour, l'occasion de voir les vestiges humains de Louis 14 ou autre personnalité française morte enterrée au Panthéon ?

Les musées d'éthnographie cultivent l'ignorance, l'intolérance et l'indifférence.

Oui. En créant des parcours dans les musées d'éthnographie, on nous fait marcher d'allée en allée sans prendre le temps de poser la question : Comment cet objet est arrivé ici ? A qui appartenait t-il ? Que fait t-il dans ce musée ? Pourquoi l'avez vous acquis ?

Les musées d'éthnographie n'investissent que peu dans l'élaboration de ces cartels supposés nous informer sur la provenance ces objets. Ces pauvres cartels nous empêchent encore plus d'ouvrir notre intelligence en nous fournissant un ensemble d'information inutile mais qui suffisent pour le public. 

Ils nous transforment en des êtres indifférents qui ne prennent même plus la peine de s'indigner, de poser des questions à l'institution ou tout simplement de ressentir des émotions pour les objets et personnes visitées.

Les musées cultivent la déconnexion.

Les musées d'éthnographie instaurent une distance qui nous coupe de nos émotions, privilégiant l’observation froide à la résonance sensible.

Crédits : pulandevii MEG collection Asie

Crédits : pulandevii MEG collection Asie

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