Je connais mes limites, tu es comme ma sœur quand même.
TW INCESTE - Violences sexuelles
VIOLENCES SEXUELLESINCESTEVIOL
Anonyme
3/22/20214 min read
S. est mon cousin. Il a 3 ans de plus que moi, on a passé pas mal de temps ensemble dès le plus jeune âge. On passait nos vacances ensemble.
J’ai aussi une cousine de mon âge, sa sœur. Nous n’avions pas le droit de jouer avec lui en grandissant. On le faisait quand leurs parents n’étaient pas là. Mes parents ne comprenaient pas pourquoi on ne pouvait pas jouer entre cousins.
Notre enfance s’est très bien passée.
Un été, nos familles sont allées en Inde ensemble. J’avais 16 ans. Avec S. nous étions les deux couches tard. Du coup on passait du temps ensemble, comme deux cousins quoi. On dormait dans la même pièce que d’autres personnes de notre famille.
On dormait ensemble à même le sol. Un soir, on discutait et on riait, puis il a voulu m’embrasser. J’ai été très choquée, j’ai stoppé sa bouche avec ma main.
J’ai dit : "Euh, je suis ta cousine". J’étais très surprise et je m’étais dit que c’était ma faute, j’ai dû faire quelque chose qui l’a poussé à me désirer ? Même si j’étais sa cousine.
La culture du viol nous l’appprend très bien dès notre tendre enfance.
Je n’ai pas relevé plus que ça, il m’avait dit d’accord, puis on a continué à discuter. je m’étais dit que c’était un moment de faiblesse.
On a passé la nuit ensemble et puis rien ne s'est passé, ça me rassurait. Ça a duré quelques jours.
Mais un soir, il me caresse, j’étais gênée. Puis il m’embrasse de force, il me monte dessus et se frotte à moi. J’ai dit non à plusieurs reprises, je n’ai pas crié et j’ai pris sur moi. J’avais peur que ma famille le sache et m’accuse, qu’ils voient la scène et l'interprètent. Qu’elle me dise que suis une allumeuse, me frappe…
C’est toujours de la faute des filles. Je lui disais que j’étais une pute et que c'était de ma faute.
Je pleurais en faisant le moins de bruit pour ne réveiller personne… Il me rassurait en disant, que non je n’étais pas une pute et que ce n’était pas grave. Je pensais qu’il avait compris que je ne voulais rien de tout ça.
Puis les caresses, les baisers ont continué. Les premières fois, je disais non. Puis j’ai fini par arrêter de le dire. Il ne m’écoutait pas dans tous les cas. Un soir, il tente de me pénétrer à travers mes vêtements. Je lui dis “Ne le fais pas.”
Il me répond : "Je connais mes limites, tu es comme ma sœur quand même. Je vous avoue que je ne m’attendais pas à ça. J’étais à nouveau bloquée et aucun mot ne sortait de moi.
Petit à petit, ces soirées sont devenues normales. Tant qu’il ne me violait pas, ça roulait. Je n’avais pas le choix.
Puis un soir, j’ai vraiment peur qu’il me viole.
A ce moment-là, ma seule hantise… c’était de ne pas tomber enceinte. On était en Inde, j’avais 16 ans, je n’avais jamais eu de relations sexuelles. J’avais peur. Je ne savais toujours pas si j’avais été violée.
Une pénétration à travers un vêtement est ce un viol ? Que dirait la justice ? la question est difficile… la réponse aussi.
Finalement, une dispute familiale a fait que je ne l'ai plus jamais revu.
En revenant de ces vacances, j’avais complètement changé, j’avais perdu du poids, j’avais changé de style vestimentaire et de style de vie. Ma vie avait été gâchée, je fumais, je buvais, j’essayais d’avoir une vie chaotique. Je n’avais pas envie de le revoir, j’avais peur qu’il me menace. Pendant longtemps j’ai pensé que c’était de ma faute. Puis pendant 10 ans, je disais uniquement que j’avais eu des attouchements sexuels.
Puis durant ma dépression, de nombreux évènements enfouis au plus profond de moi ont ressurgi. Je finis par me dire que j’ai été violée, ce n’est pas le nombre de pénétration, la violence, le nombre de cm qu’on vous met dedans qui compte.
Je n’ai pas le courage de porter plainte. Je n’ai pas envie, j’ai envie d’avancer. Mais j’ai peur qu’il y ait d’autres victimes.
Avant que cela m’arrive, durant une discussion ce même cousin m’avait déjà glissé qu’il comprenait les violeurs. Que son envie était irrépressible. Même à 15 ans, je lui disais que c’était pas bien ce qu’il disait, Mais dans une société avec une culture du viol aussi présente, qui vous dit sans arrêt que les hommes ont des envies, je n’avais pas d’autres arguments que ce n’est pas bien.
Aujourd' hui j’ai fait un travail sur moi même, je n’ai plus honte de moi. J’arrive à écrire ces mots sans avoir mal… enfin moins mal.
Je ne suis néanmoins pas capable de le dire à mes parents, de le nommer, de balancer son sale nom. Seul mon époux et une de mes sœurs sont au courant. Une de mes amies est au courant, même si elle semblait déconstruite elle m’a demandé comment j’ai pu me laisser faire. Elle m’a dit que j’avais effectivement changé en bien, et que du coup c’est pas plus mal cette agression.
Je vous avoue que même là, en écrivant ces mots, ma plus grande hantise c’est qu’on me dise que c’est de ma faute, qu’on minimise ce que j’ai vécu ou qu’on le nie...
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